Éducation
musicale
Séquence 3 : L'art et la société de consommation
Boris VIAN (1920-1959)
La complainte du progrès (1956)
Boris Vian était un écrivain, poète, chanteur et musicien de jazz français. Dans La complainte du progrès, il critique une société dans laquelle la consommation et le matérialisme ont remplacé la sincérité des sentiments amoureux. Cette chanson est également une description négative de la vision du couple (surtout celle de la femme) que renvoient les publicités de l’époque.
En écoutant cet extrait, nous avons remarqué :
Cette chanson humoristique de forme couplet/refrain est interprétée par une voix d’homme accompagnée d’un orchestre de jazz et de percussions brésiliennes.
J'utilise le bon vocabulaire :
Une complainte désigne une chanson narrative dont le sujet et le caractère sont généralement sombes, voire tragiques.
Dans un orchestre de jazz, les instruments qui jouent la mélodie (flûte traversière, trompette, clarinette, saxophone) forment la section mélodique tandis que les instruments qui jouent l'accompagnement (batterie, piano, contrebasse), forment la section rythmique.
La Bossa-nova est un style musical ,é au Brésil à la fin des années 1950, issu du croisement entre la samba et le jazz.
Une musique qui fait entendre une alternance de couplets et de refrain est de forme rondo.
Le tempo rapide, la mélodie enjouée et les rythmes de danse latine contrastent avec le titre de la chanson, qui n’est pas vraiment une complainte.
Analyse de l'oeuvre : Rapports texte/musique
Analyse
Effet produit
A la fin de chaque couplet, l’orchestre s’interrompt pour laisser place au piano seul qui accompagne la phrase « Ah Gudule… ».
Certains mots du refrain sont chantés de manière très lyrique (« une tourniquette »).
Parodie de chant d’opérette qui accentue la dimension faussement tragique de la « complainte » et renforce le caractère comique de la chanson.
Dans les refrains (énumération d’objets), chaque mot est chanté de la même manière, de l’aigu (« frigi- ») vers le grave (« -daire »).
L’aspect répétitif du chant renforce l’accumulation. L’alternance de sons aigus et graves rappelle la cloche agogô typique de la musique sud-américaine.
Pour l'oral d'histoire des arts, il est très important de faire des liens avec d'autres oeuvres
Duane Hanson, Supermarket Lady (1970)
Andy Warhol, Campbell’s soup cans (1962)
Matthew Herbert, The Mechanics of destruction (2001) : Dans cet album de musique concrète, le compositeur exprime sa colère contre une société de consommation qui génère trop de déchets.
Charlie CHAPLIN (1889 - 1977)
Les temps modernes (1936)
Charlie CHAPLIN est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique. Il est aussi compositeur dans certains de ses films. Les temps modernes est une satire cinématographique. Chaplin, préoccupé par les problèmes économiques de son époque (krach boursier de 1929, montée du chômage) y fait une critique acerbe du travail à la chaîne, du machinisme, de l’obsession du temps et du rendement qui caractérise l’industrie de son époque, directement liés à la consommation de masse qui exige une production toujours plus efficace. Bien que le cinéma parlant soit techniquement possible depuis près de 10 ans, Chaplin ne s’y résout pas. Dans Les temps modernes, la voix se fait entendre à de rares exceptions mais la musique, composée par l’acteur, prime toujours sur la voix.
En regardant cet extrait, nous avons remarqué :
Bien que le film soit muet, il est sonore. On peut distinguer différents types de sons. Les bruitages et la voix du président sont des sons intra-diégétiques tandis que la musique est extra-diégétique. La musique permet de souligner les émotions des personnages et la situation dans laquelle ils se trouvent.
Comment la musique se met-elle au service de l'image ?
Extrait
Analyse
Alors que les ouvriers se regroupent à l’entrée de l’usine tels des moutons, la musique adopte un tempo très rapide. Le caractère est effréné et haletant. C’est le bruit de la sirène (bruitage intra-diégétique) qui interrompt la musique.
Dans la musique du générique, deux atmosphères bien différentes s’opposent :
-
Les instruments de la famille des cuivres installent un caractère menaçant.
-
Les instruments de la famille des cordes installent un caractère poétique.
Dans cette scène, les seuls sons sont des bruitages et la voix du président. L’absence d’éléments sonores marquants met en valeur la vacuité et la futilité des occupations du président (puzzle).
La musique très répétitive met en valeur le caractère monotone du travail à la chaine. Le tempo est très rapide, trop rapide pour Charlot qui n’arrive pas à suivre la cadence. La musique est aussi imitative : elle figure le bruit de la mouche et remplace le dialogue. Le « ding » de la pointeuse met fin à la musique.
Les cordes et la harpe jouent une mélodie poétique, vite interrompue par le président. La musique du travail à la chaîne reprend, encore plus haletante qu’avant et toujours aussi répétitive.
0'13'' - 1'13''
1'13'' - 1'48''
1'49'' - 2'37''
2'38'' - 4'25''
4'26'' - 5'20''
Je cherche après Titine : The nonsense song
Je cherche après Titine est le titre d’une chanson française humoristique de 1917. A la fin des Temps modernes, alors que Charlot travaille avec la gamine dans un restaurant, il doit interpréter cette chanson à la demande de son patron. Ayant oublié les paroles, il improvise un charabia qui mêle plusieurs langues en dansant de façon grotesque. La dimension symbolique de cette scène est réelle : c’est à la fois la dernière apparition du personnage de Charlot au cinéma et la première fois que l’on entend la voix de Chaplin dans un film.
Chaplin nous fait comprendre avec humour qu'il a tourné la page du cinéma muet.
Projet musical : Carmen
Paul Van Haver, dit Stromae est un auteur-compositeur-interprète belge né en 1985. Il se fait connaître en 2009 avec la chanson Alors on danse et reçoit un immense succès critique et commercial en 2013 avec son album Racine carrée, dans lequel on trouve notamment la chanson « Carmen ». Cette chanson, fortement inspirée de l’air « L’amour est un oiseau rebelle », issu de l’opéra Carmen de George Bizet, est une violente critique de la société de consommation, et particulièrement des réseaux sociaux, puisque le chanteur s’en prend ouvertement à Twitter.
Refrain :
Prends garde à toi
Si tu t’aimes
Garde à moi
Si je m’aime
Garde à nous, garde à eux, garde à vous
Et puis chacun pour soi
{Et c’est comme ça qu’on s’aime, s’aime, s’aime, s’aime
Comme ça, consomme, somme, somme, somme} x4
Couplet 1 :
L'amour est comme l'oiseau de Twitter
On est bleu de lui, seulement pour 48 heures
D'abord on s'affilie, ensuite on se follow
On en devient fêlé, et on finit solo
Prends garde à toi
Et à tous ceux qui vous like
Les sourires en plastique sont souvent des coups d’hashtag
Prends garde à toi
Ah les amis, les potes ou les followers
Vous faites erreur, vous avez juste la cote
Couplet 2 :
L’amour est enfant de la consommation
Il voudra toujours toujours toujours plus de choix
Voulez voulez-vous des sentiments tombés du camion ?
L’offre et la demande pour unique et seule loi
Prends garde à toi
"Mais j’en connais déjà les dangers, moi
J’ai gardé mon ticket et, s’il le faut, j’vais l’échanger, moi
Prends garde à toi
Et, s’il le faut, j’irai m’venger moi
Cet oiseau d’malheur, j’le mets en cage
J’le fais chanter, moi"
Refrain
Coda :
Un jour t’achètes, un jour tu aimes
Un jour tu jettes, mais un jour tu payes
Un jour tu verras, on s’aimera
Mais avant on crèvera tous, comme des rats
Le clip de la chanson Carmen est un petit film d’animation. On y voit Stromae, plus jeune, sur son compte Twitter. Arrive alors un petit oiseau bleu. Le jeune homme fait un selfie avec sa nouvelle mascotte. Au fur et à mesure du temps qui passe, l’oiseau devient de plus en plus gros, prenant beaucoup de place dans la vie de Stromae, aux dépens de son entourage. Il monte sur le dos de son oiseau et aperçoit sur le chemin d’autres oiseaux identiques, sur le dos desquels se trouvent des célébrités (Orelsan, Justin Bieber, Lady Gaga…). Son oiseau l’attrape alors par le cou et le donne à manger à un monstrueux oiseau bleu. Tous les autres se font également dévorer par cette addiction aux réseaux sociaux. A la fin du clip, c’est la petite soeur de Stromae qui accueille dans sa chambre un petit oiseau bleu.
Version instrumentale
Couplet 1 (basse rythmique)
Je suis un homme de Cro-Magnon
Je suis un singe ou un poisson
Sur la Terre en toutes saisons
Moi, je tourne en rond
Je tourne en rond
Je suis un seul puis des millions
Je suis un Homme au coeur de lion
A la guerre en toutes saison
Moi, je tourne en rond
Je tourne en rond
Couplet 2 (percussions corporelles)
Je suis un Homme plein d'ambition
Belle voiture et belle maison
Dans la chambre ou dans le salon
Moi je tourne en rond
Je tourne en rond
Je fais l'amour et la révolution
Je fais le tour de la question,
J'avance, avance à reculons
Et je tourne en rond
Je tourne en rond
Refrain (sans percussions)
Tu vois,
J'suis pas un Homme
Je suis le roi
De l'illusion
Au fond,
Qu'on me pardonne,
Je suis le roi
Le roi des cons
Couplet 3 (percussions corporelles)
Je fais le monde à ma façon
Coulé dans l'or et le béton
Corps en cage jeté en prison
Moi je tourne en rond
Je tourne en rond
Assi devant la télévision
Je suis de l'Homme la négation,
Pur produit de consommation
Oui, mon compte est bon
Mon compte est bon.
Refrain (sans percussions)
Pont (sans percussions)
C'est moi,
Le maître du feu
Le maître du jeu
Le maître du monde
Et vois ce que j'en ai fais
Une terre glacée
Une terre brûlée
La terre des Hommes que les Hommes abandonnent.
Couplet 4 (basse rythmique)
Je suis un Homme au pied du mur
Comme une erreur de la nature
Sur la Terre sans d'autres raisons
Moi, je tourne en rond
Je tourne en rond
Coda à deux voix
Voix 1 : refrain
Voix 2 :
Je suis un Homme et je mesure
Toute l'horreur de ma nature
Pour ma peine, ma punition
Moi je tourne en rond,
Je tourne en rond
Projet musical : Je suis un Homme
Zazie est une auteure-compositrice- interprète française née en 1964. Elle a rencontré de très nombreux succès depuis le début de sa carrière, dans les années 1990.
En 2007, elle sort son sixième album intitulé Totem, qui rencontre un grand succès.
Je suis un Homme est une critique de la nature de l'être humain, qui détruit le monde qui le nourrit. C'est aussi une critique de la société de consommation et de l'intolérance.